LA VALORISATION FONCIERE A TRAVERS LA LUTTE ANTIEROSIVE : SOLUTION ALTERNATIVE POUR INCITER LA POPULATION À ADHERER MASSIVEMENT AU PROCESSUS DE CERTIFICATION FONCIERE.

Notre article précédent portait sur une nouvelle initiative du LADEC pour essayer de stimuler l’intérêt des populations à certifier les droits portant sur leurs terres. Il s’agit de l’exploration des approches visant la valorisation de la terre par une exploitation agricole productive, notamment à travers une nouvelle technique de culture du manioc. LADEC part de l'hypothèse que la valorisation des terres, à travers l'augmentation de la production, pourrait induire une impulsion considérable en faveur de la certification des droits fonciers (https://ladec.bi/index.php/nouvelles/valoriser-la-terre-pour-booster-la-securisation-fonciere).C’est dans ce cadre que LADEC continue d’explorer d’autres voies pour promouvoir et renforcer la sécurisation foncière.

Le présent article fait état de la contribution du LADEC à la lutte contre l'érosion en vue d'accroître la production agricole et, par ricochet, de sécuriser les droits relatifs aux terres devenues plus productives et donc plus utiles.

Il existe plusieurs formes d’érosion mais l’érosion hydrique constitue de loin la principale dans le contexte burundais. L’érosion hydrique commence avec la chute des gouttes de pluie sur un sol sans couvert végétal suffisant, causant la destruction des mottes de terre et le déplacement par ruissellement des particules les plus fines. Cette eau boueuse dégouline en bas de pente en creusant au passage des canaux. S’il n’y a pas de correction, chaque pluie subséquente emporte des quantités considérables de terre jusqu’à aboutir à un sol totalement nu, qui, à la longue, se réduit à la roche apparente. L’érosion hydrique a lieu lorsque le sol ne peut pas emmagasiner ou infiltrer les eaux de pluie et que l’intensité des pluies est supérieure aux capacités de rétention et d’infiltration du sol. (https://www.iwacu-burundi.org/interview-exclusive-avec-le-pr-salvator-kaboneka/ )

Les conséquences de l’érosion sur les terres agricoles découragent les propriétaires à sécuriser les droits y relatifs

L’érosion entraine la perte de la couche arable. Selon M. Ndayiragije, professeur à l’Université du Burundi, les études montrent que l’est du pays, les provinces de Gitega et Mwaro ainsi que la région de Mirwa perdent respectivement 4, 40 et 100 tonnes de sol par ha et par année. D’après le même auteur, si rien n’est fait, d’ici 40 ans, il n’y aura plus de terres à cultiver dans la région de Mirwa (Le journal BURUNDI ECO, 2021) 

En emportant de telles quantités de terre, l’érosion constitue une importante menace à la fertilité des sols et, par conséquent, à la production agricole.

En outre, les zones plus enclines à l'érosion sont les plus exposées à des événements climatiques plus sévères notamment les inondations et les glissements de terrain.  Ces situations conduisent aux déplacements des populations et à l’abandon des terres agricoles.

Ces conséquences liées à l’érosion ont un impact socio-économique important qui se traduit par la diminution des revenus agricoles et la perte de moyens de subsistance des populations.

Dans ces conditions, les populations locales affichent une réticence à investir dans la certification des terres peu ou pas productives et menacées des phénomènes d’érosion avec toutes les conséquences ci-haut évoquées.

La sensibilisation et le suivi des activités de lutte antiérosive constituent l’apport du LADEC

L’intervention débute par la sensibilisation de la population. Ensuite, il y a le suivi de la réalisation des activités d’aménagement des fossés antiérosifs sur chacune des collines ciblées dans les cinq communes des provinces Ngozi et Kayanza constituant la zone d'intervention du projet Prévention et Résolution des conflits fonciers (PRCF). Dans chaque commune, une colline a été priorisée, d'autres collines suivront par effet multiplicateur après que les collines pilotes auront adopté la culture de sécurisation et de protection de leurs propriétés foncières.

La contribution du LADEC s’inscrit dans le cadre des initiatives nationales

Le ministère ayant l’environnement dans ses attributions a institué au niveau de toutes les collines du pays une journée par semaine (généralement les jeudis) dédiée à la protection de l’environnement par le creusement des fossés de lutte antiérosive. Cette activité est coordonnée au niveau communal par les techniciens communaux en charge de l’environnement. Il importe de souligner que beaucoup de projets nationaux appuyés par différents bailleurs de fonds ont investi dans l’aménagement des fossés antiérosifs par une approche de rémunération de la main d’œuvre engagée dans le creusement des fossés antiérosifs. Force a été de constater que ces dispositifs de protection des sols contre l’érosion n’ont pas été entretenus. Il est aussi déplorable que dans certaines exploitations les fossés antiérosifs aménagés avec l’appui des projets ont été remblayés.

L’intervention du LADEC au niveau communal apporte une plus-value

LADEC a opté pour des interventions au niveau communal.  Il renforce les capacités des communes et facilite les agronomes communaux dans la mobilisation des populations collinaires. Avec cette approche, LADEC a pour objectif d’amener les autorités communales à comprendre l’enjeu et l’intérêt de la thématique : Cheminer vers une gestion améliorée et plus productive de la terre, exploiter une terre bien aménagée et dépourvue de conflits dans la communauté.

Par ailleurs, une exploitation rationnelle de la terre pourrait contribuer à la réduction des conflits fonciers. En effet, une faible rentabilité des sols pousse certaines gens à user de tous les moyens, pour agrandir l’espace agricole dans le but d’augmenter le rendement.  Le renforcement de la productivité des sols pourrait contribuer à la prévention des conflits résultant de telles stratégies illégales.

L’approche du LADEC consiste à mobiliser d’abord les autorités communales. Ces dernières pourront, en étroite collaboration avec les notables collinaires aider le reste de la population à cheminer vers le même idéal.

Si tous ces efforts sont conjugués, on peut prévoir dans l’avenir une augmentation du nombre de ménages qui feront certifier les propriétés foncières.  

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