FEMMES ET DROITS FONCIERS AU BURUNDI : UN COMBAT A NE PAS LACHER

En matière de droits fonciers des femmes et filles, un bon nombre d’hommes commencent à comprendre que les choses continuent de changer et qu’un retour en arrière n’est plus possible. Mais les femmes sont-elles aujourd’hui satisfaites par ces changements?

En commune Gatara de la province Kayanza, dans un échange avec les membres des conseils des notables collinaires, ces derniers confirment  être approchés par un nombre croissant de femmes qui réclament la pleine propriété, plutôt que l’habituel droit d’usufruit (Igiseke).  C’est, notent-ils, une évolution remarquable de la coutume, dans le sens de l’égalité homme-femme quant à l’accès à la terre. Il s’observe encore certaines réticences à accepter cette évolution. Certaines femmes non satisfaites s’en remettent au tribunal pour faire valoir leurs droits, souvent avec succès. Leur expérience réussie inspire les autres femmes dont la confiance en soi s’accroît de plus en plus. De plus, de tels cas retracent le chemin, dans la communauté vers d’anciennes bonnes valeurs qui promettent l’égalité comme le dit la sagesse burundaise, "Nta mwana n’ikinono”.

Séverin NIBITANGA, Directeur Gérant du LADEC avec les membres des conseils des notables collinaires en commune Gatara

Cette évolution positive touche non seulement les pratiques de succession mais aussi les autres transactions comme l’achat des terres. Dans tous les cas c’est un élan d’espoir pour des femmes et filles qui se mobilisent du jour au jour autour des activités génératrices de revenus pour pouvoir acquérir leurs propres propriétés foncières et en faire une source de capital et d’autonomie financière. C’est le cas de Bella Carine Gateka de la colline RUSHUBI en commune ISARE qui a une vision économique splendide après avoir obtenu son certificat foncier.

Lorsque Bella Carine Gateka a acheté sa propriété foncière, beaucoup de gens se sont étonnés car il n’est pas courant  pour eux de voir une jeune fille posséder une parcelle de terre. Les membres de la famille du vendeur se sont même opposés à cette vente et la demoiselle a dû défendre son achat au tribunal. Heureusement, elle a  gagné le procès. Sans attendre, elle l’a fait certifier  par le Service Foncier Communal. Aujourd’hui elle jouit de tous les droits de propriétaire et le certificat foncier renforce son sentiment de sécurité, comme elle en témoigne : "Il me protège contre tout autre conflit qui surviendrait dans le futur ”. C’est sur cette base qu’elle a déjà présenté son certificat à la COOPEC comme garantie pour demande de crédit afin de booster ses affaires commerciales. ”Kuri jewe ni agateka kugira itongo niganzira” (“Pour moi, c’est un honneur d’avoir ma propre propriété dont je peux disposer comme je veux), confie-t-elle.

Rappelons-nous que sur le plan historique, les droits fonciers des femmes étaient bafoués impunément par des pratiques discriminatoires. Aujourd’hui, la tradition montre des avancées et les femmes sont progressivement respectées et défendues dans leurs droits, comme on vient de s’en rendre compte.

L’expérience de Bella est une interpellation aux intervenants en la matière et l’autorité administrative d’accompagner de nombreuses femmes burundaises qui ont peur de réclamer leurs droits fonciers, de sensibiliser les communautés sur cet aspect combien important pour l’accès équitable à la terre et aux opportunités qu’elle offre.

logo
N°4, RN 15, Ngozi-Burundi landexperts@ladec.bi

Suivez-nous sur:

Income Tax Planning

    View Service