LES FEMMES ET DROITS FONCIERS AU BURUNDI

LES FEMMES ET DROITS FONCIERS AU BURUNDI

  Les femmes burundaises devraient pouvoir jouir d’une pleine participation à la vie sociale économique et politique du pays, mais la réalité est tout autre.

 La terre est principalement acquise par succession au Burundi et constitue le principal moyen de subsistance pour environ 90% de la population burundaise dont 51% de femmes. Or,  la loi sur les successions, les régimes matrimoniaux et les libéralités n’existe pas encore.

Ainsi, les droits détenus par les femmes sur cette ressource sont régis par la coutume et les traditions alors que celles-ci discriminent les femmes. Dans un contexte d'une culture patriarcale, la femme n'hérite pas de la terre, elle en est seulement usufruitière et son droit de jouissance dépend du bon vouloir des parents, des frères et parfois de sa belle-famille.

Ces coutumes tellement ancrées dans la mentalité des communautés rurales représentent un frein considérable au développement et à l'égalité des droits entre hommes et femmes. Elles menacent aussi la sécurité alimentaire des ménages quand on sait que les femmes burundaises, exploitent les terres qu’elles ne possèdent pas et ne disposent pas pleinement des récoltes qu’elles produisent.

Le Projet de Restauration et de Résilience du Paysage du Burundi (PRRPB) financé par la Banque Mondiale pour le Gouvernement du Burundi, dans sa sous composante concernant la certification foncière qui est mise en œuvre par le Groupement IGNFI-GEOFIT-LADEC, contribue beaucoup pour améliorer la situation des femmes par rapport à l’accès à la terre et à la sécurisation des droits fonciers de la femme. Les bénéficiaires de ce projet sont sensibilisés à la bonne pratique de prise en compte des droits fonciers des femmes dans le processus de certification foncière et les résultats sont concluants.

Dans les collines des communes Isare, Buhinyuza et Matongo qui ont été appuyées par ce projet, plus de 70% des terres reconnues pendant la certification systématique sont enregistrées au nom femmes, seules (quand elles sont célibataires ou divorcées) ou avec leurs conjoints en vue de la protection du patrimoine du ménage.

Certaines femmes rencontrées  à Matongo confirment que grâce à la sensibilisation sur l’inscription des terres  aux noms des deux époux, elles ont pris conscience de l’intérêt et de la valeur ajoutée de cette approche pour les familles qui y consentent. Elles se réjouissent du fait que, l’enregistrement des terres au nom des deux conjoints est une innovation qui sécurise les femmes et qui leur donne la tranquillité qu’elles ont des droits aux terres et qu’elles continueront à les exercer même en l’absence de leurs maris. L’inscription de leurs noms sur les certificats fonciers constitue donc pour elles une fierté et une garantie de la sécurité de leurs domaines, affirment-elles. Grâce à une forte sensibilisation de la population menée en étroite collaboration avec l’administration communale, l’on assiste à une étonnante ouverture des communautés, particulièrement des hommes, par rapport à la sécurisation des terres au nom des conjoints. 

Ces femmes font aussi savoir qu’avant les activités du PRRPB, elles ne savaient pas qu’avec la certification des terres, le propriétaire d’un certificat foncier peut l’utiliser pour demander un crédit auprès des institutions financières et investir sur sa terre sécurisée. Les femmes propriétaires sont donc prêtes d’aller contracter des crédits pour accomplir des mini-projets pour leur autonomisation économique, concluent-elles.